Evidemment, quand ces portes de récupération sont visiblement trop grandes dans toutes les dimensions
ça ne va pas être facile de recouper, changer les bois abîmés, récupérer les clous forgés, refaire des gonds, raccourcir la crémone… s'adapter au sol qui par définition est un eu en pente, et finalement après quelques dizaines d'heures de plus, on arrive enfin à clore l'édifice..
Et bien finalement nous y sommes arrivés ! Quatre ans plus tard, ce chai à des murs, un toit, un sol ! Lui manque plus que des portes, mais les candidates récupérées à gauche ou à droite sont déjà prêtes à être ajustées pour la touche finale
Et un chai pour quoi faire ? et bien pour y recevoir bientôt les cuves et pressoir du Pradinels, pardi ! http://pradinels.canalblog.com/
Là quand même il fallut avoir recours à des moyens de levage modernes, le vieil élévateur Manitou ayant presque rendu l'âme ! Charpente toute simple avec trois poutres de récupération dont la longueur avaient conditionné celle du chai, formant une panne médiane et une poutre transversale unique appelée "âne" et tenant lieu de ferme intermédiaire
Le tout avec l'aide d'un professionnel pour la mise en place de caissons chevronnés incorporant 14 cm d'isolant (modernité oblige, il faut quand même que la bâtisse soit un peu isolée), les plaques sous-tuiles et la génoise à l'ancienne
Il reste encore pas mal de choses à faire, percer une porte de communication avec le reste de la propriété,
et puis monter les pignons et faire des arases
et finalement jointoyer et nettoyer de manière à laisser les faces des pierres apparentes
et encore passer des heures à réparer les pierres les plus abimées et refaire les feuillures internes
Il faut d'abord monter les pieds-droits, en commençant par la pierre froide 
Là, un linteau carré en trois parties, taillé dans trois blocs de récupération, fera l'affaire. Je calcule a vista de nas le rapport entre la largeur de la clé et le porte-à-faux des blocs latéraux pour éviter qu'ils ne basculent. De toutes manières, ils seront bloqués latéralement et verticalement par la maçonnerie...
La clef est embellie d'un magnifique 2015 un peu irréel...
Malgré une présentation "à sec" avec un systeme de cric de voiture pour écarter les pierres au millimètre avant le scellement définitif, quand on pose la clef elle ne descend pas jusqu'en bas. La mauvaise idée alors est de taper à la masse, ce qui casse un coin de la dite pierre... Il nous fallut donc tout défaire et recommencer....
D'abord, il fallait retrouver au sol l'ordre des pierres et vérifier la courbure du cintre. A ce stade, il faut y croire ! Ensuite, une fois le cintre en place et bien étayé, vaut mieux faire une petite présentation à sec pour s'assurer que tout est place, notamment l'angle des pierres qui terminent les piliers que nous avons eu un peu de mal à ajuster avec précision...
Alors seulement peut commencer la pose, avec l'avatar moderne du plâtre fin qu'est le MAP
Et comme la vraie vie n'est pas un long fleuve tranquille, un léger decentrage du cintre qui avait pris un tout petit peu de flèche nous oblige à mettre des cales un peu partout au niveau de la feuillure destinée à recevoir la porte à l'interieur du chai...
Mais finalement nous nous en sortons pas trop mal, et assez contents du résultat ! Même pas eu peur au moment d'enlever le coffrage ...
Tout commence toujours par un croquis et un calepinage des blocs disponibles, en fonction de la photo d'origine. Disposition des pierres ? A quelle hauteur ? Finalement il nous faudra mettre une hauteur de moins que l'original. Les deux premiers montants sont tout naturellement deux beaux blocs de pierre froide très lourds, puis nous avons assez peu de choix dans du calcaire oolithique très blanc, très facile à tailler, mais assez abîmé.
Il faut donc commencer à les réparer, avec un mortier fait de sciure de pierre, de sable tamisé légèrement jaune, chaux blanche, un peu de fibre polyester pour ciment et de la résine Sika pour l'adhérence. Cela permet même de coller des morceaux de pierre complets dans les gros manques, finalement on ne s’aperçoit quasiment plus de rien…
D'abord, il a fallu sceller l'assise de chaque demi-lune
La pierre centrale, retaillée, doit être mise au niveau des deux pierres latérales et la pente rectifiée. Les arrondis des demi-lunes, assez abîmés, ont du être légèrement repris.
Et finalement, après une première présentation "à sec" sur le cintre, nous sommes prêts à poser le tout, reste un gros travail à faire sur les joints, mais le résultat final est à la hauteur de nos espérances
Les Egyptiens et les Romains utilisaient beaucoup le plan incliné, les bâtisseurs de cathédrales la chèvre, le palan, la cage à écureuil...
Ici, un vieux Manitou fera l'affaire, encore faut-il pouvoir attraper les pierres. Nous avons donc d'abord construit une louve, espèce de grande pince à sucre avec des patins en bois qui se resserre sous son propre poids.
Mais il est possible aussi de faires des trous obliques dans la pierre, d’y mettre deux gros boulons de diamètre légèrement inférieur dont les pas-de-vis servent d’antidérapant, de les passer dans une chaîne et de soulever le tout. Ca marche très bien, attention, mieux vaut quand même porter des chaussures de sécurité !
Après quelques ratures pour retrouver les bonnes vieilles formules de trigonométrie et à partir d'une estimation de la longueur de corde qui sous-tend la future demi-lune, on arrive à retrouver la flèche et le rayon de courbure de l'arche, puis après avoir tracé un premier modèle sur un grand carton, on peut rectifier le tir et enfin passer à la construction du cintre en planches de coffrage. Des entretoises vissées en biais assurent solidité et rigidité. Le cintre est calé à l'horizontale sur l'allège de la demi-lune qui est légèrement inclinée vers l'extérieur...
Finalement, c'est dans la cour intérieure d'une ancienne vermoutherie sétoise devenue ensuite garage et destinée à être démolie pour faire des appartements bourgeois que ces pierres, témoins des laborieuses activités des siècles passés, vont être achetées. Malheureusement, la démolition n'a pas été faite avec un cure-dents, et les belles endormies vont arriver à destination assez égratignées...
L'arche surbaissée est en calcaire oolithique blanc tendre, les demi-lunes sont dans une pierre plus jaune avec de fins liserés ocres.
Au départ, équerre, burins, pic, polka, taillant, grain d'orge, scie à main, boucharde, gradine, tout y passe avec des résultats variables et très lents dans ce calcaire coquiller assez dur
Alors on eut recours à de bons vieux moyens mécaniques sous la forme d'une scie à chaine de plus de 40 ans d'âge trouvée sur le bon coin...Et ce n'est pas si facile que ça de tirer trois faces bien perpendiculaires, le plus sûr étant d'avoir une référence bien droite pour commencer
La solution retenue a été de sceller au sol une série de plateaux de maçons bien alignés qui servent de guides pour les banches extérieures, les banches intérieures étant écartées par des entretoises de 50
Mais c'est pas le tout, il faut des pierres d'angle !
80 cm de large jusqu'au ras du sol final, mortier hydrofugé, gros blocs de pierre froide, banchage
